Numéro 19 - janvier 2020

Editorial

Ce 19ème exemplaire de nos Cahiers regroupe des textes des XXIVèmes et XXVIèmes rencontres (Lyon - octobre 2017 et Rennes - octobre 2019) qui s’ajoutent à nos "trésors", déjà 19 numéros alors que notre association va fêter en 2020 sa trentième année d’existence !

C’est Madeleine Joss, psychosociologue à Lausanne, qui a ouvert le bal de nos journées de Lyon par un apéritif bref mais tout à fait savoureux, pour replacer le thème de nos journées (le désir de soigner est-il menacé ?) dans le contexte historique de nos sociétés développées.

Bernard Le Flohic interrogea ensuite la crise du système de soins en France à travers son expérience de généraliste de petite ville, confronté à une évolution en peau de chagrin du tissu sanitaire comme dans tout notre pays et à ses conséquences tant sur les patients que leurs soignants.

Puis Hilde Van Tornout revint sur les circonstances qui l’ont amenées à rejoindre le groupe régulier de Lyon. Dans son activité avec des enfants et des familles en grande difficulté elle trouve dans celui-ci une "fenêtre ouverte" qui l’aide à garder ce désir d’apporter les soins et cette force de tenir pour éviter le désinvestissement ou l’épuisement.

Dans un tout autre ordre d’idée Marie Heyman nous a ensuite fait part des années de travail des équipes de Rennes qui accompagnent les étudiants en médecine (externes, internes) dans une formation beaucoup trop délaissée en France, celle de l’abord psychologique des patients. Cette formation qui redonne à beaucoup d’entre eux (les étudiants) la force d’accomplir leur rêve de jeunesse, soigner de toute leur âme et de toute leur énergie, sans se limiter à l’application de techniques robotisées.

À l’automne 2018 nous avions fait un travail inhabituel, sur le thème "Psychodrame Balint et créativité" : deux jours entre membres de notre association, travail entre animateurs, ateliers de chant, pastel, écriture, groupes de psychodrame Balint, promenades en bord de mer à proximité de Martigues, suivis le lendemain de notre assemblée générale annuelle. Nous n’avions pas alors d’intervention en séance plénière et n’avons donc pas d’autre trace de ces journées que nos souvenirs et nos "créations" en groupe qui nous ont cependant bien enrichis. Beaucoup d’entre nous en gardent une heureuse nostalgie.

Et à Rennes, en octobre 2019 c’est de nouveau notre collègue de Lausanne, Madeleine Joss, qui nous a ramenés au thème de la journée "Nous travaillons tous avec les traces de notre histoire". Son propos débutait au plus lointain de nos origines, dans la préhistoire et les chasseurs, et au plus lointain de nos langues (française et allemande) qu’elle maîtrise pour sa part et dans lesquelles elle peut dès lors décortiquer avec minutie les étymologies…

Notre ami de Gênes, Piero Trucchi, est revenu ensuite, comme il sait si bien le faire, sur son passé de pédiatre et d’animateur de psychodrame Balint, reliant avec sa fantaisie inimitable les vignettes cliniques, les émotions dont il est traversé et les images colorées qui ont fait sourire la salle conquise.

Puis Jean-Pierre Bachmann nous a apporté son regard sur la place des souvenirs, de la remémoration et des différentes formes de mémoires qui sont mobilisées par le travail en psychodrame Balint. Suivant certaines des traces et des écrits d’Anne Caïn, fondatrice de notre méthode, il est revenu, après Anzieu et après, plus proches de nous, François Berton et Noël Montgrain, sur les analogies entre le rêve et le groupe, le récit d’un cas et la reconstruction des souvenirs dans le jeu psychodramatique.
Les trois vignettes cliniques de l’après-midi nous ont été amenées par une pédiatre puis deux généralistes.

Simone Ledru d’abord, revenant sur des expériences traumatiques de jeunes patientes et patients, nous a profondément touchés et nous garderons en mémoire ce silence si émouvant qui a accompagné tous ses propos.

Bernard Brau, généraliste à Rennes, nous a ensuite fait part de ce qu’a été pour lui l’expérience de son groupe, Balint et psychodrame Balint en alternance, avec toujours cette "lampe" du groupe qui permet de renforcer l’éclairage et d’élargir le champ de vision, pour ne pas se perdre et choisir la "bonne trace".

Puis Bernard Le Flohic a évoqué pour nous, avec ses mots de généraliste, les finesses des transferts et contre-transferts aussi bien dans la relation avec ses patients qu’avec les membres de son groupe de psychodrame Balint.

Hors les dossiers de nos journées nous avons le plaisir de vous faire découvrir un exposé de notre collègue belge, Christian Linclau, lors du Congrès de la Fédération Internationale Balint qui s’est tenu à Porto en septembre 2019. Il nous engage à voir l’avenir de la médecine avec d’autres yeux. Il estime que, malgré toute l’énergie que les médecins déploient pour intégrer les connaissances scientifiques sur les maladies et leurs traitements, les avancées de l’intelligence artificielle pourront bientôt faire mieux que nous. Mais, dit-il, l’art de nouer des relations avec le patient et de l’accompagner continuera d’occuper une place prépondérante. D’où l’importance des groupes Balint. Il a recours à trois concepts pour illustrer son propos : ceux de paysage, de souffrance et de constellation.

Et en toute fin vous pouvez retrouver des informations sur ceux qui font vivre notre association ainsi que nos groupes, des dates et des lieux de pratique possible de notre méthode du psychodrame Balint.

Bonne lecture à tous.

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TRISTESSE

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse le décès, ce 5 janvier, de notre ami Mathieu Marianne, si précieux pour nous à bien des titres.
Il fut notre compagnon tout du long des Journées Franco-Suisses de formation à la relation à Annecy où, à sa table de libraire, il aimait s’entretenir avec tous, anonymes comme prestigieux auteurs.
Comme éditeur de "La Pensée Sauvage" il a fait paraître, sous la responsabilité de Michel Sapir, ces trésors que furent les revues "Champ Psychosomatique" puis, après 1985, "Revue de Médecine Psychosomatique", permettant la confrontation des riches expériences de médecins, psychanalystes et soignants si divers.
Pour nous enfin il assista Anne Caïn dans la confection et la parution de son livre "Le Psychodrame Balint" en 1994 dans la collection Corps et Psychisme. Puis il créa avec François Berton et Annie Bouillon les cahiers des Quatre Temps dont vous lisez le dernier numéro.
Au-delà des pages, livres, revues et rencontres mémorables d’une époque exceptionnelle, nous gardons de lui le souvenir d’un ami très cher et tenons à lui témoigner ici notre reconnaissance.

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S O M M A I R E

RENCONTRES DE LYON octobre 2017

XXIV èmes rencontres de l’AIPB : LE DÉSIR DE SOIGNER EST-IL MENACÉ ?

Argument de la journée

LUC STEIMER Introduction
MADELEINE JOSS Un petit apéro psycho-sociologique
BERNARD LE FLOHIC Et maintenant…
HILDE VAN TORNOUT Une fenêtre ouverte
MARIE HEYMAN Le psychodrame Balint peut-il ranimer le désir initial de soigner des
étudiants en médecine ?

RENCONTRES DE RENNES octobre 2019

XXVI èmes rencontres de l’AIPB : NOUS TRAVAILLONS TOUS AVEC LES TRACES DE NOTRE HISTOIRE…

Argument de la journée

MARIE-NOËLLE LAVEISSIÈRE Introduction
MADELEINE JOSS La trace première
PIERO TRUCCHI De Trace…en Trace…
Jean-Pierre BACHANT Souvenirs, traces et mémoires, en suivant Anne Caïn
Simone LEDRU Il faut bien grandir quand même…
Bernard BRAU Un cheminement complété
Bernard Le Flohic Pas à pas sur les traces, une expérience
professionnelle de l’intimité

HORS DES JOURNÉES DE L’AIPB

Christian Linclau Voir l’avenir de la médecine avec d’autres yeux

INFORMATIONS