Numéro 13 - juillet 2009

EDITORIAL

Corps, histoire, mémoire : cette riche relation triangulaire n’en finit pas d’interférer en création perpétuelle : les physiciens disent que trois points définissent un plan, donc une stabilité ; dans notre domaine il en est tout autrement : l’instabilité créatrice de corps - histoire - mémoire fait la richesse de notre travail.
Histoire des corps, des médecins et patients que Philippe Otmesguine nous livre avec sa sensibilité et son humour de sexologue pertinent. Dans la même veine, Monique de Hadjetlatche fait appel à la mémoire de son propre corps pour évoquer celle de ses patients et en tirer l’enseignement que le moi est corporel et que l’identification met en jeu le corps
et l’histoire du soignant lui-même.
Les étudiants en médecine resteraient-ils de grands enfants ? Leurs corps en ont la spontanéité, la maladresse et la sensibilité ; et Marie Heymann qui travaille avec eux constate qu’à leur corps défendant, oublié puis retrouvé, ils se découvrent déjà soignants. La recherche et la pertinence du travail de Jean-Pierre Bachmann met en relation très actuelle les manifestations de l’inconscient et les connaissances nouvelles acquises sur la mémoire, cela sans jamais quitter l’observation des patients et de notre travail, sachant que la signification de l’action ne peut être obtenue que si celle-ci est enregistrée dans le système moteur de l’observation comme si c’était son propre mouvement. Ce travail mérite et demande grande attention.
Gildas Le Bayon nous interroge sur les rapports que chaque homme entretient entre son identité et son corps ; dans le même ordre de relation qu’ont les parties émergées et
immergées d’un iceberg.
Les traces mnésiques continuent leur carrière posthume dans l’ombre de l’inconscient, rappelle Ophelia Avron : enregistrement, stimulation et modification seront exprimés par le corps avant que la parole ne les atteigne. Les mises en scène du psychodrame en sont les voies d’accès. Les corps parlent en dansant, et c’est dans une guinguette des bords de la Marne que nous emmène François Berton. Les corps y vivent-ils librement ? Pas tous. Et l’empreinte des leçons apprises est plus contrainte qu’aide. Comment bénéficier d’une aide sans la gêne du carcan ?
Pour terminer, Anne Cain pointe le rôle du corps, le corps familial, dans une autre trilogie qui englobe la maladie et le médecin.
On ne se débarrasse pas si facilement des uns et des autres.
Cette livraison des Quatre Temps pénètre le cœur -le corps - même de nos métiers et de nos vies. Il nous donne envie d’aller plus loin.

Annie Bouillon François Berton

Sommaire du numero 13 : Corps, Parole, Mémoire et Psychodrame balint. Paris, Octobre 2008

François Berton, Annie Bouillon : Éditorial

DOSSIER :

Annie Bouillon : Introduction

Philippe Otmesguine : Traces et regards

Monique de Hadjelatché : Quand le corps prend la parole

Jean-Pierre Bachmann : La mémoire et le corps dans le psychodrame-Balint

Marie Heyman : Du récit à l’émotion et retour

HORS DOSSIER :

Gildas Le Bayon : Identité et corporéité : une genèse alternative

Ophélia Avron : Le psychodrame et ses mises en scène

François Berton : A Joinville-lePont, chez Gégéne ou Peut-on effacer les empreintes ?

Anne Caïn : Le Psychodrame Balint et le malade cancéreux

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